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 La mort annoncée de l'Ecole normale

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2 participants
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Arthur
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Arthur


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Date d'inscription : 16/08/2005

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MessageSujet: La mort annoncée de l'Ecole normale   La mort annoncée de l'Ecole normale EmptyVen 14 Oct - 14:07

Vu sur fr.sci.math

La mort annoncée de l'Ecole normale

Par Nicolas Baverez*
[08 octobre 2005]

Dans l'économie ouverte et la société de la connaissance, la recherche fonde
la richesse des nations, qui détermine leur potentiel de croissance, leur
positionnement dans les secteurs à forte valeur ajoutée, leur compétitivité
sur les marchés mondiaux. D'où une concurrence féroce pour attirer les
cerveaux, les enraciner sur un territoire et leur offrir un environnement
favorable, qui passe par la multiplication des liens entre recherche,
enseignement supérieur, entreprises innovantes et autorités publiques. D'où
un double défi universitaire et scientifique qui se décline en massification
de l'enseignement supérieur, nécessaire à l'amélioration des qualifications
de la population active, et en développement de pôles d'excellence aptes à
concentrer les meilleurs des étudiants et des chercheurs et à dynamiser la
recherche et l'innovation.


Dans cette course, l'Europe s'est laissé distancer. Une Europe qui ne
consacre que 1,1% de son PIB à l'enseignement supérieur contre 2,7% pour les
Etats-Unis, qui comptent dix-sept universités parmi les vingt premières
mondiales. Une Europe dont l'effort de recherche est limité à 1,9% du PIB
contre 2,7% pour les Etats-Unis, qui accueillent 70% des Prix Nobel et
assurent 44% de la production des articles scientifiques importants. Une
Europe qui ne dispose que de 900 000 chercheurs quand 400 000 chercheurs
européens travaillent aux Etats-Unis et dont les investissements en R & D
sont inférieurs à ceux de l'Asie depuis 1998.


Au sein de l'Union, la situation est cependant très loin d'être homogène.
Certains pays, telle la Suède, qui affecte 4,2% de son PIB à la recherche,
ont placé la technologie au coeur de leur stratégie d'adaptation à la
mondialisation. La France présente l'image inverse d'une nation dont le
déclin économique est indissociable de son déclassement intellectuel et
scientifique, caractérisé par un effort de recherche limité à 2,1% du PIB,
une production scientifique inférieure à 5% des articles publiés, la
présence de quatre universités dans les cent premières mondiales dont la
première vient au 46e rang.


Parmi les quatre institutions rescapées figure l'Ecole normale supérieure de
la rue d'Ulm, que Time place en septième position dans le classement des
cinquante meilleurs établissements européens. Et ce, en raison d'un mode de
fonctionnement original qui repose sur quatre piliers : un projet
intellectuel orienté vers la recherche fondamentale ; une vocation de pôle
d'excellence qui passe par une grande exigence dans le recrutement des
étudiants, des enseignants et des chercheurs ; la coexistence intime des
sciences dures, des sciences humaines et des humanités ; le positionnement à
l'intersection de l'université - dont les étudiants suivent le cursus
parallèlement aux cours spécifiques qui leur sont dispensés - et de quelque
deux cents équipes de recherche. Cette situation singulière, soumise en
permanence au feu croisé des critiques de la bureaucratie et des syndicats
de l'Education nationale, se trouve aujourd'hui sous la menace directe d'un
projet de fusion avec les écoles de Cachan qui entraînerait la dissolution
paradoxale de l'Ecole normale supérieure au moment même où le gouvernement
entend l'ériger en pivot d'une Ecole d'économie de Paris dotée de 10
millions d'euros. Le regroupement de l'Ecole normale supérieure et des
écoles de Cachan vise à conforter leur stature internationale grâce au
rassemblement de 2 000 normaliens, 2 000 autres étudiants, 500 doctorants et
1 300 enseignants et chercheurs sur trois sites universitaires situés en
Ile-de-France et sur le campus de Ker Lann, près de Rennes. L'objectif
consisterait d'une part à recentrer la «grande Ecole normale supérieure»
vers la formation des enseignants, d'autre part à rapprocher la recherche
fondamentale et la recherche appliquée, le tout servi par la rationalisation
des moyens humains et financiers et l'engagement de grands projets
immobiliers sur le site de Cachan (construction d'une salle polyvalente à
destination des entreprises et d'une halle polyvalente pour les activités
sportives et associatives).


Cette fusion, dont la logique se résume à la doctrine bureaucratique selon
laquelle «big is beautiful», débouche sur une succession d'incohérences.
Incohérence de l'ambition intellectuelle, qui ne peut être la couverture
universelle des disciplines mais un investissement ciblé dans des secteurs
stratégiques du savoir. Incohérence du projet scientifique, qui verrait la
recherche fondamentale - pourtant vitale - marginalisée au profit de la
recherche appliquée et les humanités placées en voie d'extinction (il
n'existe pas de section littéraire à Cachan mais des études d'art appliqué
et de design). Incohérence du projet de formation, ciblé autour de la
professionnalisation de l'enseignement supérieur français, alors qu'il est
vital d'accélérer l'ouverture sur la société et l'économie ouvertes.
Incohérence pédagogique, puisque la taille des pôles d'excellence mondiaux
est comparable à celle de l'Ecole normale (600 à 1 200 étudiants pour les
collèges britanniques, 800 undergraduates pour le Caltech californien, 4 100
undergraduates répartis en cinq écoles pour le MIT, contre 900 normaliens).
Incohérence géographique, tant l'Ecole normale doit contribuer - aux côtés
de Paris-VI, de l'EHESS, du Collège de France... - à revitaliser Paris, qui
tend à se transformer en désert scientifique, tandis que Cachan relève du
pôle technologique de la vallée de la Bièvre.


Trois conclusions émergent. 1. Autant que d'en susciter de nouveaux, il est
vital de préserver les pôles d'excellence publics et privés français qui
constitueront le pivot du redressement futur du pays : la fusion avec Cachan
doit dès lors être abandonnée au plus vite, dès lors qu'elle implique la
dénaturation de l'Ecole normale supérieure en un hybride improbable au
croisement d'un CNRS miniature et d'un «super IUFM». 2. De même que le plan
de réforme de la fiscalité pour 2007 masque l'augmentation parallèle et
démesurée des prélèvements et des dépenses publics dans le budget de 2006,
l'accent placé sur l'investissement dans la recherche va de pair avec la
poursuite du déclassement des institutions et des équipes françaises les
plus performantes en raison du refus d'une autonomie et d'une sélectivité
accrues. 3. A l'image de l'ensemble de l'enseignement supérieur et de la
recherche, l'Ecole normale supérieure a vocation à être profondément
modernisée, mais dans le respect de son histoire et de son identité, à
travers son insertion dans un réseau mondial de pôles d'excellence de
recherche fondamentale, l'ouverture et l'internationalisation de son
recrutement, l'intensification des liens avec les entreprises et la
diversification de ses sources de financement.


* Essayiste et économiste, auteur de La France qui tombe (Perrin), Nicolas
Baverez vient de signer la préface au «Quarto» Raymond Aron (Gallimard).
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romain


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Date d'inscription : 13/08/2005

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MessageSujet: Re: La mort annoncée de l'Ecole normale   La mort annoncée de l'Ecole normale EmptyMar 18 Oct - 14:29

Ouais, je trouve la conclusion un peu molle, j'aurais été plus radical moi cf le cafet bruyant quand je parle des prépa et école d'ingé.
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La mort annoncée de l'Ecole normale
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