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L'opposition kazakhe dénonce comme frauduleux le triomphe du parti du président Noursoultan Nazarbaev

Source www.lemonde.fr

Supposées renforcer "l'autorité des partis politiques", selon le président Noursoultan Nazarbaev, les élections législatives anticipées qui se sont tenues, samedi 18 août, au Kazakhstan, la plus vaste des républiques de l'Asie centrale ex-soviétique, ont vu la formation pro-présidentielle Nur-Otan s'adjuger la quasi-totalité des sièges de l'Assemblée. Forte de 88 % des suffrages, Nur-Otan contrôlera 98 des 107 sièges de la Chambre basse du Parlement. Les neuf autres sièges seront pourvus par des candidats désignés par l'Assemblée du peuple du Kazakhstan, une instance nommée par le président.

Aucun des six autres partis en lice n'a réussi à franchir le seuil des 7 % des suffrages. Les dirigeants du Parti d'opposition social-démocrate (OSDP) et l'opposition modérée réunie au sein du parti Ak-Jol crient à la fraude. De son côté, l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE), qui avait dépêché 400 observateurs, a estimé, dimanche, que le processus électoral n'était pas démocratique. La même conclusion s'était imposée lors des élections législatives de 2004 et à l'occasion du scrutin présidentiel de 2005, remporté avec plus de 90 % des suffrages par Noursoultan Nazarbaev, ancien cadre du Parti communiste de l'URSS, en place depuis 1989.

L'élection de samedi avait valeur de test, car cet Etat d'Asie centrale riche en hydrocarbures brigue la présidence tournante de l'OSCE pour 2009. Le scrutin intervenait avec deux ans d'avance après l'adoption, au printemps, d'une réforme constitutionnelle censée permettre à l'opposition de faire entendre sa voix. La nouvelle Constitution donne davantage de pouvoir à l'Assemblée (Majlis), chargée de nommer le premier ministre, et fait de Noursoultan Nazarbaev un président susceptible de régner à vie puisqu'il peut désormais se représenter à l'élection présidentielle autant de fois qu'il le désire.

ASSASSINATS POLITIQUES

Avec une croissance économique de 10 % par an, le Kazakhstan est l'Etat le plus prospère de la région. Doté des plus grosses réserves de pétrole de la Caspienne, il a vu sa production d'or noir augmenter au rythme de 15 % l'an depuis 1999. Il se retrouve au coeur de vastes projets d'acheminement de ces hydrocarbures convoités par la Chine, la Russie et les Etats-Unis.

Décrit jadis comme "le plus démocrate" des potentats de la région, M. Nazarbaev a imposé ces derniers temps une ligne plus dure. Sa fille, Dariga, présentée un temps comme celle qui devait lui succéder, a dû faire allégeance en fusionnant son propre parti avec Nur-Otan, celui de son père. Il y a quelques mois, elle a dû divorcer de son mari, Rakhat Aliev, démis de son poste d'ambassadeur en Autriche et poursuivi par la justice de son pays. Réfugié à Londres depuis le début du mois d'août, Rakhat Aliev, accusé d'avoir fait enlever deux banquiers, avait émis le souhait de se présenter à la succession de son beau-père, ce qui lui a valu ces déboires.

La véritable opposition est affaiblie. Entre 2005 et 2006, deux de ses figures de proue ont été assassinées. En février 2006, le principal opposant, Altynbek Sarsenbaev, son garde du corps et son chauffeur avaient été retrouvés morts, assassinés par balles, sur une route de campagne. L'enquête avait désigné les services de sécurité comme les exécutants du meurtre. En novembre 2005, Zamanbek Nourkadilov, ex- ministre passé à l'opposition, avait été retrouvé mort chez lui, avec deux balles dans la poitrine et une dans la tête. L'enquête avait alors conclu au suicide.
Marie Jégo